À l'Ombre des Arbres

Goût de sapin, mais au moins c'était pas un goût désagréable. Il était encore dans une région relativement saine de la Forêt Noire. Il ne se serait pas essayé à tremper sa gourde dans une rivière plus à l'est, ça c'est certain. La corruption qui descend des arbres a depuis lors noirci les eaux. Il avait bien fait de se ressourcer ici, aux berges sud qui longent l'Anduin plutôt que dans quelques jours. Il aura atteint le Bois Noyé, et l'eau y est tellement vaseuse que ce serait une horrible idée que de même y poser les lèvres.

Il ferma sa gourde, et se releva. Laissant le Grand Fleuve derrière lui, il entreprit une marche silencieuse sous les arbres. Seul les bruits des feuilles crissants sous son pas et ceux des oiseaux nocturnes étaient audible. Il retenait pratiquement son souffle, en fait. Savoir qu'il n'était surement pas seul, dans cette forêt réputée pour être un berceau de la corruption, le rendait prudent. lui qui normalement était plutôt du genre à rigoler. Déjà, il n'était pas sûr que l'idée du feu était vraiment une bonne.

Il était venu du Sud avec des compagnons pour porter un message au propriétaire de l'Auberge Hanté, au milieu de la partie Sud de la Forêt Noire. Un message que ce dernier essaierait ensuite de faire parvenir clandestinement aux geôles de Dol Guldur, destiné à un prisonnier d'importance. Ralof ignorait la nature du message, ainsi que le destinataire, mais le vieux Gandalf avait insisté sur l'importance de le faire parvenir rapidement. Une petite bourse pour financer les Scoia', et hop, l'affaire était dans le sac.

Donc, lui et ses compagnons s'étaient rapidement mis en route et avaient monté un petit campement à la nuit tombé. Au départ, il s'était opposé à l'idée d'allumer un feu, mais les ténèbres étaient devenus trop rapidement étouffants. Il avait fini par chercher du réconfort à l'idée d'être au chaud. Humidité et noirceur. Voilà la forêt noir pour les nuls. N'empêche, il ne savait pas ce qui était pire. Étouffer d'obscurité, ou encore être attaquer par toutes les créatures hostiles aux 5km à la ronde. Car le feu, il se voyait très fort probablement à des kilomètres. Bref, il était même pas à 100 mètre et quand même, il avait l'impression que le feu couvrait une clairière entière.

Il retourna donc près du feu rejoindre ses compagnons, et s'assied. Il posa sa gourde sur son paquetage, près de son matelas déroulé. Il pris un bout de saucisson qu'un collègue lui passa, machouilla et soupira.


''J'espère qu'il reste du vin.''

Il scruta alentour doucement, essayant de voir qui avait la bouteille en main, et fit signe de la passer. Longue gorgée, puis il se torcha la bouche.

''Demain on fait pas de pause. Je veux dormir dans un lit, sous un toit. Une seule nuit ici c'est déjà trop.''